Globe qui tourne

Le carnet de route

Samedi 4 Mai 2024
14:09
 
Le carnet de route

Le Laos

 


Vientiane 

Nous atteignons Vientiane bien fatigués après 22 heures de bus. Arrivé dans un nouveau pays, nous avons besoin ’argent. Nous n’optons pas pour le dollar américain mais pour la monnaie locale, le kip. Résultat : les billets remplissent complètement nos poches : 1.1 million en coupure de 5 000 kips. C’est dur d’être millionnaire !
Vientiane a l’apparence d’un gros bourg nullement affairé. Les larges avenues n’ont aucun mal à absorber le faible trafic. Les marchés sont d’un calme surprenant. Une atmosphère sereine et presque endormie baigne la capitale.

La majorité des édifices religieux sont neufs. Détruits lors de la guerre avec les siamois vers 1830, ils ont été reconstruits depuis peu. Les temples de Vientiane aux couleurs vives, aux lignes élégantes et raffinées, parfaitement entretenus, ombragés par des palmiers respirent la vie. De nombreux moines dans leur robe orange safran les “habitent”. Nous sommes frappés par leur jeunesse. Où sont les sages ?
La politique menée à l’encontre du bouddhisme par le PPL (parti populaire Lao) à la suite de son accession au pouvoir en 1975 y serait-elle pour quelque chose ? Depuis 1992, le gouvernement a fortement assoupli ses positions religieuses, puisque le symbole bouddhique le plus sacré du pays, le Phat That Luang, figure désormais sur le drapeau national. Il remplace le marteau et la faucille.
Le grand stupa doré s’élève à 45 m. Eblouissant, il ressemble à un bourgeon de lotus allongé. Symboliquement, sa graine vient d’éclore à la surface de l’eau et représente le passage de l’ignorance humaine à l’illumination bouddhique.


 Une porte de temple



Vang Vieng 

Un bus local nous emmène à Vang Vieng. Une heure avant l’horaire de départ officiel, le bus déjà plein s’en va. Malgré tout, le poinçonneur nous invite vivement à monter : ”si si, je vous assure, il y a encore de la place”. Nous sommes alors installés sur de petites chaises disposées au milieu de l’allée centrale. Ce n’est pas très confortable, mais au moins c’est typique ! Le bus est en fait encore à moitié vide. Au fur et à mesure du trajet, des laos montent et s’entassent laborieusement debout. La route tournoie et il reste encore trois heures de trajet.

Cachées derrière les pancartes “guesthouse” et “restaurant”, les maisons de Vang Vieng n’ont plus de charme. Qu’en sera-t-il lorsque le tourisme se sera developpé au Laos ? Nous passons devant un bâtiment exempt d’enseigne. Délabré, entouré de fins barbelés, les lits superposés s’entassent à l’intérieur. Serait-ce un dortoir de fortune ? Non, c’est l’hôpital et nous prions pour ne pas tomber subitement malade.

Au marché, des écureuils, des rats, des chauve-souris et des ragondins s’étalent devant nous. Nous avons résisté à l’envie d’en déguster…

Soudain, un étrange engin nous double. Un motoculteur amphibie tire une sommaire carriole sur laquelle des laos s’assoient. C’est le moyen de transport local.

Les environs de Vang Vieng sont agréables. Derrière la ville-village, en retrait de la rivière, des formations rocheuses en pain de sucre se dessinent. Des arbres s’accrochent sur ces falaises de calcaire qui regorgent de grottes sacrées. Des bouddhas veillent parmi les stalactites, stalagmites et les fleurs de roche


Luang Prabang 

Luang Prabeng peut s’enorgueillir d’une soixantaine de temples, d’élégantes maisons en bois bordant des allées verdoyantes et surplombant la rivière. Les toits saillants et étagés des temples descendent très bas, donnant l’impression qu’ils s’élèvent de la terre vers le ciel pour les unir. La lumière du soleil se réfléchit sur ces toitures et les façades ornées d’impressionnantes mosaïques ou de peintures aux couleurs éclatantes relatent la vie de Bouddha. Les moines étudient, se reposent ou travaillent à la rénovation des temples. Alors ils repeignent les murs, charrient du sable, scient… Plus loin, d’autres cultivent quelques lopins de terre.


 Un enfant attentif



La société lao attend de tout lao bouddhiste qu’il se fasse moine à un moment de sa vie. Voilà pourquoi un grand nombre de novices (moines de moins de 20 ans) circulent dans les rues sous leur parapluie, c'est l’un des seuls bien qu’ils possèdent.

Mais pour comprendre la ferveur religieuse de Vientiane, il faut se lever tôt. A l’aube, une interminable procession de moines s’ébranle. C’est l’heure de l’aumône. Des femmes assises à genoux distribuent religieusement à chacun des bonzes des boulettes de riz gluant. Elles espèrent ainsi accroître leur mérite pour éviter la réincarnation ou au moins réduire le nombre de renaissances.

Assis, nous observons la paisible vie de la rue : un rickshaw de ramassage scolaire passe, deux étudiants juchés sur le même vélo ne semble pas pressés d’aller à la rencontre du savoir, des bonzes rejoignent leur monastère, des vendeurs ambulants proposent quelques fruits…

Notre étape dans cette ville inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité s’achève. Nous partons maintenant vers la Thaïlande.


Vers la Thaïlande 

Au programme : deux journées de bateau pour atteindre la frontière. Au Laos, il faut savoir prendre son temps, le temps de voguer sur le Mékong. Les marchandises entassées à l’arrière du bateau, nous larguons les amarres. Le Mékong est encadré de flancs montagneux et de vastes étendues de forêt. Sur les rives, le sable sculpté par le fleuve forme des strates. Des rochers émergent parfois de l’eau où les tourbillons sont fréquents. Quelques rares villages de pêcheurs se découvrent au fil de l’eau. Seuls les speed-boat viennent troubler la quiétude du paysage. Ce sont de légères embarcations propulsées par de puissants moteurs. Leur carcasse ‘décorent’ parfois les berges. Les occupants, tous munis de gilet de sauvetage, de casque, de poncho et nous espérons pour eux de boules quies, nous doublent dans un vacarme assourdissant.


 Un enfant joueur



Notre avant dernier réveil au Laos est marqué par un mystère. Les chaussettes d’Elodie ont disparues ! Nous fouillons toute la chambre et nos sacs, mais elles restent invisibles. Une souris les aurait-elle grignotées ? Un apprenti voleur se serait-il exercé ? Elodie ou Manu affamé, les auraient-ils mangé en dormant ? Une chose est sûre, le sac d’Elodie s’est allégé d’une paire de chaussette.

Demain, nous passons la frontière avec la Thaïlande sur une petite pirogue.


En conclusion, 

Le Laos est vraiment différent de ses voisins. Les colons francais l’ont d’ailleurs très bien illustré : "les vietnamiens plantent le riz, les cambodgiens le regardent pousser et les laotiens l’écoutent".

 

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